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Lettre à mes amies célibataires


Lettre d'une femme en couple à son amie célibataire

"Ma chère amie,


Nous avons passé des moments splendides, des vacances de folies, des années à traverser le monde, à vivre dans le présent, à faire des projets fous, à ne pas se soucier du lendemain, à tout se raconter, à oser parler de nous, de nos peurs, de nos souffrances, de nos joies, de nos crushs. Nous avons passé des années splendides, et en même temps très difficiles. Car c’était une période de construction… qui a eu ses bonheurs et ses malheurs. Mais nous avons vécu dans l’insouciance, dans l’irréel parfois… et nous nous sommes construites ainsi.


Ce que j’ai aimé dans cette amitié, c’est notre manière d’être sincère, d’être vraie, de montrer nos vulnérabilités, d’exister, de tenter des choses, de demander l’avis de l’une et de l’autre, de nous pousser à nous dépasser, à plonger parfois. J’ai aimé nos conversations à bâtons rompu, ton écoute si précieuse, tes conseils aussi, et la facilité que j’avais de tout te dire de mes doutes, de mes peurs, de mes tristesses, de mes interrogations.


J’ai aimé, apprécié et goûté ces années de bonheur, qui aujourd’hui me manque, tu ne peux pas savoir à quel point.


Le jour où j’ai rencontré mon homme, j’étais tellement heureuse de pouvoir tout te partager. Il y avait une belle excitation dans nos échanges. Tu étais hyper heureuse pour moi. Tu me demandais sans cesse : alors comment ça se passe ? Comment ça avance ? Quels sont vos projets ? Tu étais sur le qui-vive à vivre quasiment avec moi ce début d’histoire. Comme une amie, tout simplement.


Et puis, j’ai décidé d’avancer, de me lancer et de vivre cette histoire à fond. Je me suis éloignée de toi, mais c’était pour la bonne cause. Celle de découvrir cet homme, d’apprendre à le connaître, de souhaiter comprendre comment il vit, pourquoi il vit et ce qui l’anime. Mais dans cet éloignement, je pensais toujours à toi, tu avais et tu as une place unique dans ma vie. Et puis, j’ai toujours essayé de rester en lien avec toi, mais j’ai senti de ton côté cette porte se fermer…


De mon côté, j’ai avancé avec mon homme, nous avons décidé de nous marier, de déménager et puis nous avons eu notre premier enfant. Et toi, tu continuais ta vie toujours aussi riche, toujours aussi vibrante, toujours aussi splendide. Mais sans pour autant rencontrer un homme avec lequel avancer, alors que je sais que c’est un grand désir pour toi.


Alors aujourd’hui, je t’écris parce que je suis triste.


Triste, car j’ai l’impression de t’avoir perdu. Triste, car nous ne pouvons pas parler comme avant. Triste, car je vois que tu m’envies, que tu as le désir d’être en couple, d’avoir des enfants, mais que ce n’est pas ta réalité. Triste, parce que je ne sais pas comment ne pas être indélicate avec toi. Triste, parce que j’ai l’impression que depuis que je suis en couple, quelque chose s’est brisé entre nous. Triste, car j’aimerais tellement te retrouver, car tu me manques.


Oui, je suis triste. Profondément triste.


Car je ne veux pas te blesser, mais je veux que tu saches que je suis là. Car je ne veux pas être indélicate, et pourtant j’aimerais parler avec toi de ce qui est douloureux pour moi, et t’écouter me parler de ce qui est douloureux pour toi. Oui, j’aimerais retrouver toute cette complicité que nous avions, même si nous ne vivons pas la même chose.


Car toi, tu souffres de ne rencontrer personne, mais moi je souffre dans mon couple. Car toi tu souffres de te sentir seule, mais moi aussi je souffre de cette solitude. Car toi tu penses que je n’ai plus de temps pour toi, mais moi je souffre de ne jamais te voir. Car toi tu es triste à chaque nouvelle : de mariage, de grossesse, ou de naissance ; mais moi j’ai tellement envie de te réconforter lorsque ces nouvelles sont trop violentes pour toi. Car OUI, nous avons chacune nos souffrances et nos joies, mais comme j’aimerais te prendre dans mes bras, t’aimer, prendre soin de toi lorsque tu pleures, que tu es en colère ou que tu m’envies. Car je te promets, le couple c’est une formidable aventure, mais c’est aussi très douloureux. Mais comment en parler avec toi, alors que tu fermes la porte systématiquement ? Comment écouter et parler de nos vulnérabilités si nous ne faisons pas un pas vers l’autre ?


Je t’écris cette lettre aujourd’hui pour que tu saches que je crois en toi, que je t’aime, que je ne veux absolument pas te blesser. Mais que j’ai ce désir immense de revivre cette amitié forte que nous avions, et ce alors que tu es célibataire et moi en couple. Notre situation affective ne peut pas nous définir. Je reste moi, tu restes toi. Et même si nos vies sont différentes, même si nos projets sont différents, même si nos vacances ne se ressemblent pas, nous avons tellement à nous apporter. Moi j’aimerais voyager avec toi quand tu pars à l’autre bout du monde, danser avec toi quand tu fais la fête jusqu’à pas d’heure, m’interroger avec toi lorsque tu hésites à proposer un verre à cet homme, pleurer avec toi lorsque tu te sens si seule, vibrer avec toi lorsque tu fais des projets. Mais pour ça, il faut que tu me racontes ta vie.


Oui, je sais que c’est douloureux pour toi, mais pourquoi ne pas m’en parler ? Pourquoi ne pas poser des mots ? Pourquoi ne pas crier, pleurer et simplement exister ? Car une amie, c’est fait pour ça non ?


Je t'embrasse,

Ton amie"


Cette lettre, je l’ai écrite avec mes tripes, car souvent les femmes en couples que je rencontre me disent que certaines de leurs amies célibataires sont tellement en souffrance, qu’elles ne partagent plus rien. Comme si l’autre possédait tout ce qu’elles désirent.

Pourtant, que nous soyons célibataires ou en couple, nous avons toutes nos souffrances, nos peurs, nos manques. J’affirme ça aujourd’hui, mais je peux vous dire qu’avant je ne le comprenais pas et je n’arrivais pas à me réjouir des bonnes nouvelles (épisode 22).


Si aujourd’hui je partage cette lettre, c’est parce que je suis certaine que les célibataires font du bien aux femmes en couple et que les femmes en couple font du bien aux célibataires. Et que fermer les portes, c’est s’enfermer dans des non-dits, dans des souffrances encore plus fortes, dans un imaginaire encore plus éloigné de la réalité. Oui, nous avons chacune quelque chose à nous apporter, et c’est même très précieux !

Alors, voici ce que je vous propose :

  • Si vous êtes célibataire et que avez des amies en couple dont vous vous sentez éloignées, dites-vous qu’elles viennent de vous écrire cette lettre ! Car oui, votre célibat est peut être une souffrance pour vous, mais vos amies ont simplement envie d’être avec vous, de vous soutenir, de vous écouter et de vous réconforter. Osez leur proposer un moment en tête-à-tête (sans enfant et sans conjoint), pour poser des mots et vous retrouver. Parler de ce qui vous blesse, vous manque, et vous rend heureuse !

  • Si vous êtes en couple, voici un moyen tout simple de renouer avec vos amies qui vous manquent, en envoyant cet article, ou en prenant votre plume. Car malgré leurs souffrances et ces portes qui se ferment, elles ont au fond toujours beaucoup d’affections pour vous. Donc de savoir que vous êtes là, ne peut être qu’une belle preuve d’amour. Prenez votre téléphone, conviez-les à un tête-à-tête et dites-leur lorsque vous serez face à elles "tu es mon amie, je suis désolée que tu souffres. Sache que je suis là, et que j’ai très envie d’être présente pour toi". Ainsi, vous leur montrez que vous êtes là et vous les considérer comme des adultes (épisode 19).

En posant ces mots, vous mettez de la vie (et non de la mort), dans vos échanges, et vous recréez une petite flamme qui vous offrira le cadeau d’être vous-même et en paix.


Belle semaine,


Marie-Liesse



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