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Je vis le manque dans ma chair



Vivre un rythme effréné. Marcher rapidement dans la rue. Courir après le temps. Enchainer les soirées, les rencontres, les discussions. Ne pas supporter être seule. Combler le silence à tout prix : musique, podcasts, coup de fil, séries… Avoir peur de sa solitude. Être stressée par le silence. Combler tous les manques. Et ne pas vivre le vide. Ne jamais vivre le manque. Ne jamais éprouver le manque dans sa chair.


Et si on se trompait ?

Si c’était bon de vivre ce manque. De se retrouver seule. De freiner son rythme. De toucher à soi. A un manque sincère dans sa vie. Et de ne pas à tout prix vouloir le combler. Mais de se dire que s’il se creuse c’est pour être mieux comblé un jour par quelqu’un.


Je pense à une amie, qui a une vie ultra chargée. Qui est par monts et par vaux. Et qui trouve ça tellement difficile d’être seule juste une soirée. Ça ne lui arrive jamais. Elle trouve toujours une échappatoire pour ne pas avoir une soirée seule.

Je pense à une femme qui découvre cette solitude. Qui a été effrayée de ce nouveau confinement. Qui en a beaucoup pleuré. Et qui voit en fait qu’elle se retrouve. Qu’elle fait des choses qu’elle n’avait jamais osé faire.

Je pense à une cousine qui est partie se confiner avec plein d’amis. Elle a quitté son appart pour aller à la campagne. Ils sont une dizaine à être tout le temps ensemble. Sauf qu’elle est en train de se demander : si je ne me confronte pas à moi maintenant, quand est-ce que je le ferai ? Et elle envisage de rentrer chez elle pour vivre la fin du confinement.


Et vous, avez-vous l’impression de vous confronter à vos manques ?


Je vous ai déjà raconté la manière dont j’avais changé de rythme en arrivant à Lyon, et notamment en arrêtant de marcher à toute vitesse. La manière dont j’ai découvert mes émotions après mon burn-out. La façon dont j’ai accepté de ne pas sortir tous les soirs. La manière dont j’ai goûté à ma solitude. A mon besoin d’éveiller de nouvelles choses en moi. Et même si cela a été très difficile au début, je peux vous dire aujourd’hui que j’en vois les bénéfices. Car j’ai appris à vivre avec moi-même. J’ai appris à ne pas fuir. Mais à accepter ce vide. A éprouver ce vide.


Vous savez lorsqu’on est en couple, on a souvent besoin de se retrouver juste "ensemble". De ne plus partir en vacances avec des amis. Mais de partir en vacances en famille. Pour vivre ce temps et se retrouver. Pour vivre à son rythme. Pour écouter ce rythme. Pour recharger ses batteries. Pour ne rien avoir à prouver à personne, mais être dans son cocon et vivre avec ce cocon. Et si les couples ne le font pas, je les encourage vivement à le mettre en place. Mais lorsqu’on est célibataire, on peut avoir ce désir immense de vivre ce rythme ralenti. Mais on se dit dans sa tête : "je le ferai lorsque j’aurai ma famille". Et donc, on ne le fait jamais…


Alors aujourd’hui j’ai envie de vous encourager à flirter avec les manques de vos vies. Sans attendre quelque chose. Sans consommer absolument. Mais en vivant votre manque. Que vous soyez célibataire et en manque d’enfant. Que vous soyez en couple et en manque de temps. Que vous soyez seule et en manque de l’autre. Que vous soyez occupée et en manque d’inoccupations. Allez toucher au manque de vos vies. Allez les vivre sincèrement. Allez les vivre dans vos tripes. Allez viscéralement toucher ces manques, accepter ces manques, vivre avec ces manques, pour avoir l’envie immense de ne plus vivre ce manque.


Car à force de combler, de ne pas s’arrêter, de ne pas s’écouter, eh bien on vit sa vie à un rythme effréné. Et un jour on se réveille et on se dit : "merde j’ai loupé ma vie". Allez vous confronter à vos manques pour réellement tout mettre en place pour les soulager. Allez accepter cette solitude, cette absence d’amour, de tendresse, de câlins, de temps, de rires. Allez vivre dans vos coeurs ce qui vous manque. Allez sincèrement vous blottir au creux de cette absence. Et ainsi vous aurez en vous une ouverture, une sincérité, une capacité à vous laisser surprendre, qui vous laisseront vous faire chahuter.


Si nous ne vivons pas ce manque, alors je crois qu’il restera toujours présent dans notre tête. Mais éloigné de nos âmes. Et lorsque nous sommes éloignées de nos âmes, je ne suis pas certaine que nous éprouvions l’émotion qui nous obligera à nous battre. C’est en vivant viscéralement un manque, sans le combler, mais en le laissant se creuser, que nous irons à la rencontre de celui-ci et que nous dépasserons nos peurs pour ne plus le ressentir.


Concrètement, comment vivre votre manque ?

En vous programmant une à deux soirées pour vous par semaine. En acceptant pendant ce confinement de passer des temps seule. En ne faisant rien (rien du tout), 30 minutes par jour. En acceptant vos émotions et en les laissant jaillir. En écrivant ce que vous vivez. En méditant, priant, vous retrouvant. En marchant dans la rue seule et sans musique dans vos oreilles. En étant juste là, avec vous-même. D'autres idées ?


Alors, partante pour vivre profondément votre manque ?


Marie-Liesse



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