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Je me suis brûlée les ailes.


épuisement professionnel et burnout

Je suis en arrêt de travail. Pour moi, c’est inconcevable. Presque une honte. Poser un arrêt maladie s’apparente dans mon esprit à de la faiblesse. Qu’est-ce qu’on va penser de moi ? Que je suis fragile ? Que je fais semblant ? Que c’est de la comédie ? Qu’un "rien" me fait m’arrêter ? Que je ne sais pas me battre ? Que je ne sais pas dépasser mes limites ?


Aujourd’hui, je me suis brûlée les ailes.


Littéralement parlant : je ne peux plus avancer. Je ne peux pas mettre un pied devant l’autre. Je suis bloquée, figée, dans l’incapacité de comprendre et d’agir. Et quand je vois la manière dont les autres me regardent, je me dis que je suis vraiment seule au monde. Seule dans mon esprit. Seule avec moi-même. Ma vie, si bien maîtrisée et rangée, vient de s’effondrer.


Il y a cinq ans, le 20 juin 2018, je me suis brûlée les ailes. Elles ont brûlé, car je m’étais imposée une vie qui ne me correspondait pas. Elles ont brûlé, car je me suis répétée et re-répétée que je n’avais pas le choix. Elles ont brûlé, car je ne m’écoutais pas. Elles ont brûlé, car je pensais tout maîtriser, tout contrôler, mais pourtant je suis tombée.


Le travail est le lieu où l’on passe la plupart de notre temps. Ce lieu dans lequel on a le désir d'être passionnée, mais sans jamais trouver la clé. Ce lieu où notre conscience nous dit de nous impliquer totalement. De nous battre pour que tout fonctionne. Ce lieu que nous gardons toujours présent dans un coin de notre tête. Le mien était passionnant, rempli d’adrénaline et vibrant. Mais très prenant. Trop prenant. Et donc il m’a brûlé les ailes.

Comment ?


D’abord parce que je n’avais plus d’émotion. J’étais devenue un robot. J’étais "à côté" de ma vie. Je pensais que je n’avais pas le choix. Que j’étais en quelque sorte "maquée" à ma boîte. Qu'il n'existait pas de vie en dehors de ma boîte. Et que même si tout était très lourd, même si mes nuits se remplissaient d’insomnies, même si je stressais de la reprise du boulot en y pensant dès le dimanche matin, je pensais que c’était "normal". Et que je n’avais, encore une fois, pas le choix.


Et un jour, ce corps que je n’écoutais plus a décidé de me parler. Comme j’étais coupée de mes émotions. Comme je n’écoutais pas ce qui se passait en moi. Mon corps a décidé de me montrer des signes. Des signes que je n’ai pas compris au début. Par exemple, j’ai commencé à pleurer sans aucune raison. C’était incompréhensible, mais c’était là. Et dans le quotidien, quand on pleure non-stop, ce n’est pas très facile à gérer. Donc, je me cachais. Je me cachais pour "évacuer". Sans me poser de question. Mais c’est devenue tellement intense que je ne pouvais plus me cacher. Un jour, alors que j'étais en weekend de copains : j'ai pris conscience que je pleurais. Et à ce moment précis, j’ai compris que c’était grave. J’ai encore mis 3 jours avant de sauter le pas, mais j’ai réussi à prendre rendez-vous chez mon médecin. Qui m’a arrêté. J’ai arrêté de travailler. J’ai dû stopper le rythme effréné dans lequel j’étais. Arrêter de faire des projets. Et juste accepter ce qui était là.


Pour moi, ça s’est traduit par des petits signes physiques, de la fatigue, des larmes, l’incapacité de mettre un pied devant l’autre, l’incapacité de se lever. Pour d’autres, ça peut être un cancer, une maladie, une séparation, une dépression, un rejet violent de sa famille.


J’ai eu besoin de ce coup de massue pour réaliser que j’avais tout faux. Ma chance, ma vraie chance, c’est que mon corps m’a parlé. Que mon corps que j’avais mis de côté s’est réveillé pour me dire S.T.O.P. Et grâce à lui, grâce aux larmes qui coulaient, j’ai fait un premier pas. J’ai été obligée de faire ce pas. D’abord un arrêt de travail, puis quelque temps après prendre la décision de quitter ma boîte. Car je "vomissais" mon travail. À 30 ans, ça fait tout bizarre.


Prendre la décision, alors que j'avais un poste que beaucoup peuvent envier, de tout lâcher. Sans savoir où j’allais, mais pour vivre ce que j’avais à vivre. Cette décision, je l’ai prise. J'ai tout quitté pour mieux me relever.


Et puis, par d'heureuses rencontres, par un accompagnement, par un bilan de talents, grâce à des personnes bienveillantes, de belles aventures, au fil aussi de mes lectures, j'ai réussi à mettre un pied devant l'autre. Et je me suis relevée. J’ai utilisé ma volonté. J’ai décidé d’avancer.


J’ai réussi avec le temps à mettre le doigt sur ce qui m’anime. Moi, personnellement. Ce qui est en moi. Ce qui part de moi. J’ai réussi à construire un projet professionnel qui me ressemble. Qui me fait vibrer.


Aujourd’hui, j'ai la chance de pouvoir me lever chaque matin en étant passionnée par mon métier, par l’accompagnement que je propose avec Sésame. Passionnée par ces femmes qui viennent me rencontrer, me font confiance, ont ce désir d’avancer, de se révéler, de se réveiller, et d’être elles-mêmes. Mais ce métier, je n’aurais pas pu le construire sans mon passé. Sans ce qui m’est arrivé. Sans mon histoire. Cette histoire qui m’a construite. Qui m’a forgée. Qui fait ce que je suis aujourd’hui. Et dans ce métier, je dois chaque jour écouter mes émotions. Prendre conscience de ce que je vis, pour ne pas me brûler les ailes une nouvelle fois.


Alors, si toi aussi, tu penses que tu n’as pas le choix. Que ta vie tourne autour de ton travail en attendant désespérément de trouver une échappatoire. Dis-toi que tu n’es pas seule. Dis-toi que ce n’est pas grave. Que ça arrive. Et que demain, tu vas pouvoir simplement poser un pas de côté pour sortir de cette galère et aimer ton métier, ta vie, ton quotidien.


Prends les choses en main, et n’oublie jamais : on a toujours le choix !

Belle semaine,


Marie-Liesse



1 commentaire

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Voici le commentaire de Marie, qui a souhaité que je le publie : "Votre article m’a beaucoup touchée parce que j’ai été victime d’un double burn out (professionnel + familial) il y a huit ans. Je crois que, dans toutes les situations où l’on est victime (burn out, agression, viol…), il est nécessaire de ne pas en rester à cette position de victime (tout est de ma faute) mais de considérer que c’est une interaction entre deux protagonistes : ici, en l’occurrence, l’employeur ou l’organisation du travail, qui met la pression, et l’employé. Et c’est là qu’il faut savoir dire « non », quand on sent que « ça chauffe », avant d’être complètement « brûlé ». Et là, j…

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