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J’ai toujours peur de déranger...


Je suis dans le train. Je rentre d’un week-end au soleil. Bateau, bonnes bouffes, copains, balades, dépaysement… le week-end parfait. Et pourtant, alors que je viens de m’asseoir dans mon TGV, je me mets à pleurer à chaudes larmes. Je pleure. Ça n’arrête pas. Mes voisins se demandent sûrement ce qui m’arrive. Ai-je perdu quelqu’un ? Est-ce que je viens de quitter mon amoureux ? Est-ce que je viens de me faire larguer ? Autant de questions que de voisins. Mais aucune réponse ne leur sera apporté. Je pleure et c’est tout.


A mon arrivée il est 21h30. Nous sommes dimanche soir. Et là, une amie, une confidente, l’une de celle dont on a besoin, mais qui se compte sur les doigts d’une main, me dit : "j’arrive !". A 22h la voilà dans mon salon à m’écouter, m’encourager, m’apporter du réconfort, à être simplement là. Au-delà de son besoin de sommeil, du fait que le lendemain est une grosse journée pour elle. Au-delà d’elle, elle est venue pour moi.


Je ne connais pas votre personnalité. Je ne sais pas si vous demandez facilement de l’aide. Si vous partagez souvent vos états d’âmes. Si vous osez lâcher les choses. Si vous osez dire quand ça ne va pas. Mais moi c’est quelque chose que j’apprends. Ce n’est pas inné. Au contraire. Je suis plutôt du genre à mettre les autres à la première place. A ne pas me plaindre. A les écouter. A être là pour eux. Et à ne penser à moi qu’après. Car j'ai toujours en tête l'impression que je vais déranger.

Aussi, lorsque c’est moi qui ne vais pas bien j’ai plutôt tendance à le garder pour moi. A ne pas le dire par peur de déranger. A minimiser les choses quand je commence à en parler. A garder une part de mystère car je me dis que ma vie n’est pas passionnante. A aller vite, en donnant le moins de détails pour ne pas déranger. A me dire que l’autre en face doit s’en "foutre" de ce que je vis, de ce que j’ai à raconter, et que parler de projets de vacances c’est beaucoup plus exaltant que parler de ma personne, non ?


La peur de déranger, est-ce que ça vous parle ? Cette peur qui vous paralyse quand vous avez besoin de demander de l’aide. Cette peur qui vous dit au fond de vous même que vous pouvez vous débrouiller seule. Cette peur qui imagine que les gens ne sont pas disponibles, qu’ils n’ont pas le temps, qu’ils ont autre chose de plus intéressant à faire. Cette peur qui vous dévalorise vous. Cette peur qui vous auto-dévalorise.


Si vous laissez cette peur gagner, vous en arriverez à déménager seule car vous n’aurez pas dit à vos amis que leur aide est importante. Vous en arriverez à dépenser des sommes astronomiques pour aller chercher votre grand-mère car vous n’aurez pas osé demander que l’on vous prête une voiture. Vous en arriverez à passer un temps fou à chercher sur internet un nouvel ordinateur, parce que vous n’aurez pas osé appeler votre cousin qui vend du matériel informatique. Vous en arriverez à laisser mourir vos plantes parce que vous êtes partie 3 semaines cet été et que vous n’avez pas osé sonner chez votre voisine pour lui demander de venir les arroser une fois par semaine.


Se débrouiller seule, c’est quelque chose que je suis certaine de savoir faire. Je l’ai expérimenté. J’ai réussi à me montrer à moi-même que j’étais une "super-woman" prête à gérer ma vie. A devoir et savoir ainsi compter uniquement sur moi. Et donc à ne surtout jamais me plaindre, demander de l’aide ou même montrer ma vulnérabilité.


Sauf que le jour où j’ai craqué dans ce train, je crois que j’ai compris une chose : je ne suis pas seule. J’ai autour de moi des hommes et des femmes qui sont là, prêts à déployer tout ce qu’ils sont. A écouter, à aider, à transmettre, à conseiller, à encourager, à soulager. Mais qui ne feront rien si je ne leur montre pas, si je ne leur dis pas, que j’ai besoin d’eux.


Personne ne peut savoir ce qui se passe dans notre tête. Tant que nous ne le disons pas. Tant que nous ne mettons pas de mots. Personne ne pourra venir nous prendre dans ses bras le jour où l’on aura besoin de réconfort. Personne ne pourra nous aider à réparer notre lave-linge. Personne ne pourra nous faire rencontrer de nouvelles personnes. Personne ne pourra nous accompagner dans l’achat d’un appartement. Si nous n’exprimons pas nos vulnérabilités, notre besoin, notre désir, nos questionnements... et ainsi nous ne pourrons compter que sur nous.


Alors quand cette amie est venue simplement me réconforter, j’ai compris que j’avais le droit d’être vulnérable. De ne pas aller bien. Et que j’avais le devoir de demander de l’aide. Le droit de lâcher. Pour être une femme, non une "wonder-woman" mais une femme.


Ainsi, j’ai décidé d'arrêter de compter que sur moi. Et en ne comptant plus uniquement sur mes forces, je montre aussi que je suis plus disponible, plus humaine. Oui demander et déranger sont deux choses qui ne sont pas naturelles pour moi. Mais c’est pourtant, je crois, la clé pour être pleinement moi.


Si vous êtes une femme qui n’ose pas, qui a peur de déranger, qui préfère tout contrôler, tout maîtriser, ne jamais montrer sa vulnérabilité : le moment est venue d’oser !


Pour cela je vous propose de mettre en place un petit pas pour vivre cela dès cette semaine :


Demandez-vous quel est dans votre appartement (ou votre maison), le sujet que vous laissez traîner depuis des mois, car vous ne savez pas comment vous y prendre pour le réparer/l’installer/le déplacer/le changer… ? Pour celles qui n’ont pas d’idées, réfléchissez bien car je suis certaine qu’il y a quelque chose chez vous ou dans votre quotidien (voiture, vélo, électricité…) qui attend que vous vous en occupiez.


C’est bon, vous avez une idée ?


Maintenant faites une liste des personnes à qui vous pourriez demander de l’aide.


Ensuite, en regardant cette liste, quelle est la personne que vous avez le plus envie de voir (je ne parle pas de facilité, mais d’envie) ? C’est bon vous avez trouvé ? Alors maintenant demandez-lui son aide ! Je vous assure que cette personne sera heureuse de vous rendre service. >> Et si vous êtes célibataires, surtout osez demander ce service à un homme :)


Hâte de lire vos expériences et vos retours par mail !

Oui, j’attends que vous osiez me déranger :)


Belle semaine,


Marie-Liesse




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