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"Comment j'ai lâché-prise ?"



La difficulté d'être en couple, j’en parlais la semaine dernière. Et je vous annonçais chercher la parole de femmes qui sont en couple. Pour qu'elles puissent nous raconter la face cachée de leur histoire. Leurs peurs, leur petite voix intérieure, les freins par lesquels elles sont passées et comment elles ont réussi à mettre un pied devant l’autre. J'ai eu de beaux retours et j'espère en recevoir encore. Lire la manière dont elles ont vécu les choses, lire les doutes, et percevoir les émotions, a été poignant. Aussi, j'ai choisi de vous partager ces histoires. En publiant de temps en temps la parole de celles qui acceptent de nous raconter leur aventure.


L'histoire d'aujourd'hui est celle de Florence. Elle aborde avec humour ses difficultés et les choses qu'elle a mis en place pour avancer. Une belle aventure qui inspire et qui donne des conseils très concrets pour lâcher-prise !


Je m'appelle Florence. Pendant plusieurs années, j'ai vécu dans la "friendzone". Pourquoi ? Car j'avais peur de l'amour, mais ça je ne l'ai compris qu’après. La friendzone, c'est la zone amicale dans laquelle certaines femmes s’enferment avec les hommes. Sans être trop proche, ni trop loin, elles souhaitent et espèrent l'amour mais souvent inconsciemment elles l'empêchent. Et bien c'est ce que je vivais et j'étais devenue une spécialiste.


Avoir des sentiments pour un homme. Désirer vraiment vivre une histoire, avec lui ça m’arrivait. Et à partir du moment où tous les feux étaient verts : la fuite, le dégoût, le mal de cœur, le vertige prenaient toute la place. Mon comportement devenait fuyant, distant, et exagérément amical. Une histoire d'amour devenait dès lors impossible !


Je n'avais donc jamais vécu d'histoire d'amour. Pourtant je l’espérais. Mais, je ne lui laissais aucune place. J'avais tellement le désir de vivre "l'amour" que je ne le laissais pas venir. Ma vie était sous contrôle : j'avais un appart hyper cocoon, un boulot, des amis, ma famille dans les environs, des activités dans tous les sens… et ce désir bien présent dans mon cœur. Mais, ça s'arrêtait là.


Un jour j'ai changé de boulot et d’appart. Pendant les trois première semaine j’ai dû cohabiter avec des souris. La peur et la perte de sérénité ont pris une place très importante : j’ai clairement perdu pied.


A ce moment précis, j'ai senti un manque. Ma mère me conseillait de travailler cette peur pour la dépasser. Ce que j'ai refusé. En le refusant, j'acceptais d'être vulnérable, pas si forte, et certainement pas une de ces femmes "warrior". Je découvrais ma fragilité, ma petitesse et un manque dans ma vie. J'ai pris conscience qu’un homme manquait à ma vie. Et j'ai refusé de vivre en ne comptant que sur moi. J'ai donc lâcher-prise. Je n'avais pas le choix. Je ne contrôlais plus ma vie, pourtant si bien "rodée" et "confortable".


Alors, je me suis inscrite sur Tinder. Chose que je m'étais toujours refusée de faire. Malgré les conseils répétés d’une amie. Avec ce nouveau pas, je clarifiais aussi mes attentes : je ne cherchais pas un ami, mais une histoire d'amour ! Et de toute façon, je me suis dit que n'avais rien à perdre.


Et c'est là que j'ai rencontré François.


Une semaine après avoir téléchargé l'application, j'ai commencé à parler avec lui. Très vite je lui ai dit que je préférais lui répondre autour d'un verre. Le premier verre était très sympa. Mais au moment de payer tout aurait pu s'arrêter là. Dans mon esprit, un homme qui ne paie pas le premier verre, est radin. Et je ne supporte pas les radins. C'était, il me semble, un critère "éliminatoire" pour moi. Et ce soir là, il n’a pas payé ce verre. Car, je l’ai su plus tard, dans son esprit cela pouvait paraître "vieux jeu" et me blesser en tant que femme. Mais malgré cela, au fond de moi, j’ai senti que je devais continuer cette soirée. Que je devais arrêter d'éliminer les hommes au fur et à mesure, car ils ne correspondaient pas au référentiel que je m'étais "créé". Je suis passée au-delà de mes croyances, et j'ai poursuivi la soirée. Première victoire.


Nous avons continué la soirée par un dîner. Tout était fluide. C'était simple car nous nous sommes tout les deux montrés comme nous étions. Sans artifice. Avec nos fragilités, nos peurs, nos forces et surtout notre humour. Dès ce premier soir, tous les sujets, ou presque, étaient posés. Et la clé je crois, c’est que nous n’avions pas d’attente, simplement l’envie que l'autre nous découvre tel que nous sommes. Très vite je lui ai fait confiance. L'homme en face de moi était drôle, droit et bon. Et c'est ce que je cherchais. J'ai stoppé ma petite voix qui me répétait en boucle "est-ce le bon ?", car à ce moment là je ne pouvais pas le savoir. Deuxième victoire.


En quittant le restaurant, il m'a pris par la main. Et je l'ai embrassé. Et pourtant je ne me serais jamais permise cela avant ! J’avais en tête, comme beaucoup, que l'homme doit faire le premier pas… (blablabla). Troisième victoire. 


Après cela, mes sentiments sont arrivés très rapidement. Mais nous avions envie de prendre notre temps et de garder notre chère liberté de trentenaires célibataires. Au début, nous avons convenu de ne pas nous voir tous les soirs. Pour que l'autre ne nous envahisse pas. Mais très vite, le désir de se voir quotidiennement a été partagé.


Je me souviens, peu de temps après, de notre premier dîner dans son appart. Sur le chemin, une énorme angoisse m’a envahie. J'avais juste envie de faire demi-tour. Arrêter là, était dans mon esprit "plus simple" car cela me permettait de revenir dans ma "zone de confort". Et à ce moment précis je me suis dit : "maintenant tu arrêtes, tu vas aller dîner avec lui ! Et s’il y a quoique ce soit qui ne te convient pas, l'histoire s'arrêtera là, tout simplement". Alors j'ai affronté ma peur. J'y suis allée. Et je peux vous dire que c'est un dîner dont je me souviendrais toute ma vie. C'était simple. J'étais bien. J’étais moi-même. C'était parfait. Quatrième victoire.


Au bout d'un mois, à la plus grande surprise de nos amis, nous sommes partis en week-end tout les deux en Grèce. Premier week-end à deux et hors de France pour nous. Au début je n'étais pas à l'aise. Tout était inconnu. Tout sortait de ce que je m’autorisais habituellement à faire. Puis, je me suis rappelée les conseils d'une conseillère conjugale "ose, permets-toi et fais". A la fin de ce week-end, j'ai juste eu la confirmation que ce que je ressentais était juste, beau et bon. D’ailleurs à partir de ce moment là nous n'étions plus deux inconnus. La manière de montrer à l'autre notre tendresse, la façon de nous embrasser, notre complicité, tout était vrai. Ce week-end a été très clairement un accélérateur. Cinquième victoire. 


Au bout de quelques temps, j'avais beaucoup d'attentes. Après avoir lu tout un tas de bouquins sur le couple, j'attendais que François soit à la hauteur. Ou plutôt à la hauteur que j’imaginais être la bonne. Un jour, j'ai demandé conseil à une personne extérieure, qui m'a rappelé, très justement, qu'on ne peut attendre de vivre au bout de quelques mois, ce que certains couples mettent 40 ans à construire. A ce moment précis j'ai accepté nos différences, nos imperfections, notre chemin. Et j'ai choisi de continuer d'avancer au jour le jour. J'ai eu l'immense chance d'avoir face à moi un homme qui a entendu mes peurs, mes craintes, mes besoins, et qui n'est pas parti en courant. Sixième victoire.


Aujourd’hui je suis mariée avec François. Plus belle victoire contre moi-même. Dans notre quotidien, ce sont nos différences et nos spécificités d'homme et de femme qui alimentent notre terrain de jeu : accepter que l'autre soit autre et en découvrir les richesses. Le quotidien se vit très bien quand communication et humour sont au rendez-vous !


Mes émotions

Dans ce démarrage d’histoire j'ai vécu des émotions très variées. Tout d'abord un immense vertige. Moi qui contrôlais toute ma vie, je devais accepter de ne rien contrôler. De vivre au jour le jour. De vivre le présent. J'éprouvais aussi de la peur. Elle était capable de prendre toute la place. Comme le fait d'être abandonnée. Mais j'en parlais à François. Et le fait de lui dire, m'a rassuré et apaisé. Lui parler de mes peurs m'a appris à vivre l'instant présent, sans essayer de prévoir et contrôler l'avenir. Une émotion très chouette aussi, la joie de l'amour : je découvrais ce que j'avais toujours fui. J’ouvrais mon cœur, je partageais mes émotions et j'en découvrais de nouvelles, je sentais notre amour éclore.


Mes conseils

Aux femmes célibataires qui lisent mon histoire, j'ai simplement envie de vous dire d’OSER. Toute ma vie on m'a répété : "au premier baiser tu sais si c'est le bon". Je vous assure que c'est faux. La confiance, la connaissance de l'autre et l'amour ont au fur et à mesure construit notre tendresse. J'ai dû accepter d'aller là où j'avais peur. Et c'est là que mon bonheur se cachait. Pour moi ça a été Tinder. Pourtant ni lui, ni moi n'avions le "profil" pour ce genre d’application. Et pour vous, ce sera votre propre défi. Celui que vous aurez décidé d’affronter. Permettez-vous de vivre, lâche vos peurs, acceptez vos émotions, car elle vous rendent vivantes. Et l’amour est vivant !


Si j'ai un conseil à donner, c'est de parler. Communiquez en parlant de vos peurs, de vos doutes ou de vos sentiments. Ne gardez pas tout pour vous, au contraire. Et puis riez, mettez de l'humour dans vos échanges, pour apporter de la légèreté dans ces moments.


Si vous vivez la "fuite" dès qu'un homme s'intéresse à vous, dites-vous que c'est votre peur qui gagne. Et ce mécanisme il faut le rompre. Lui dire adieu. Le grand Amour c'est un peu comme un rond-point : il y a plusieurs possibilités. On peut passer sa vie à tourner sur le rond point en se pensant libre de choisir. Mais la vraie liberté c'est de choisir une sortie, de suivre un chemin. Si au bout de quelques kilomètres vous percevez que ce n’était pas le bon chemin, alors il sera toujours temps de choisir une autre direction. Chaque petite histoire nous conduit vers notre histoire de couple.


Alors, vous êtes partante pour lâcher-prise ? 

Belle semaine,


Marie-Liesse



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