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Je suis en souffrance, alors je m’enferme sur moi-même…mais ai-je raison ?



La semaine dernière, j’étais au mariage de bons copains. Un mariage début mars : le rêve ! Après cette xième vague de covid, après un hiver long et froid, après une hibernation et une quantité de travail toujours plus dingue, c’était presque une libération.


Imaginez la scène : un mariage avec des tonnes de copains que je n’avais pas croisés depuis des lustres. Un mariage avec des rires, de grandes discussions, des retrouvailles, des embrassades, des verres de champagne, de la musique (beaucoup de musique), et un coucher à 5 heures du matin.


Bon, très clairement, j’ai mis une semaine à m’en remettre, mais qu’est-ce que c’était chouette ! Donc si vous pouvez vous organiser une bonne session de retrouvailles, alors je vous encourage à le faire, car ça remplit très clairement notre vase affectif !


Bref, j’étais donc à ce mariage et là, j’ai été confrontée à la dure réalité de la vie.


La vie qui se traduit pour tout le monde par des manques !


Oui, nous avons toutes des manques, nous avons toutes des choses qui ne vont pas, des tristesses, des envies, des incompréhensions. Nous avons toutes des frustrations, des doutes, des peurs, des immenses douleurs. TOUTES. Que nous soyons célibataires, en couple, maman, ou en désir d’enfants, TOUTES sans aucune exception.


Entre la femme dont le mari bosse comme un dingue, et qui doit gérer son boulot, ses enfants, les courses et le quotidien. Et qui bouillonne lorsqu’elle voit son mec débarquer comme une fleur le soir à 20h en disant : "Bah le dîner n’est pas prêt ?".


Entre la femme qui espère de tout cœur porter la vie, mais qui en "chie" terriblement, car ça fait 5 ans qu’ils essaient, qu’ils sont passés par un millier de traitements et aides différentes, mais que ça ne fonctionne toujours pas.


Entre la femme qui est maquée depuis des années et qui n’attend qu’une seule chose : que son mec la demande en mariage. Car oui elle y croit au mariage et elle a envie de se jeter dans la gueule du loup. Mais lui, non ce n’est vraiment pas son truc et ne comprend pas l’intérêt de cet engagement.


Entre la femme en couple depuis des années, et qui aujourd’hui n’aime plus son homme. A tel point qu’elle se demande ce qu’elle doit faire pour renouer le lien, pour communiquer, pour aller vers lui. Mais ne sait pas s’il en a envie… et ne sait pas si elle en a le courage.


Entre la femme célib, qui est en train de vivre son centième mariage et qui regarde désespérément les mecs encore célibataires, et se dit que vraiment elle n’y arrivera pas parce qu’il ne reste rien "de bon" sur le marché.


Voilà la vie des gens.

La réalité de la vie.

Celle qu’on ne soupçonne pas.

Quand on ne le vit pas.

Nous avons toutes des galères, des souffrances, des incompréhensions, des tensions, des larmes, des doutes, des flips, des solitudes. Et c’est clairement ce qui nous rend chacune belle, unique, sincère.


Car mettre une femme en couple dans la catégorie "trop de chance", c’est trop facile. Mais aller dialoguer, exprimer, écouter, partager, c’est sortir de sa tête cette fausse idée de "trop de chance", et nouer des liens encore plus forts avec l’autre car ils sont authentiques.

Hier encore, j’étais avec une amie qui a été longtemps célibataire, et qui en a profondément souffert. Qui s’écroulait à chaque annonce de maquage, de mariage et plus… qui vivait une douleur énorme et se répétait : "moi quand je serai maquée, je ne pourrais pas oublier". Mais pourtant, même si on n’oublie pas intellectuellement, on oublie le manque, la douleur, la souffrance, car on ne la ressent plus. Alors cette amie qui a pourtant énormément souffert, aujourd’hui ne sait plus ce que c’est de ressentir cette douleur du célibat… et elle en est désolée. Mais elle avance, elle est heureuse, elle connaît les galères qui pourront arriver, elle est lucide sur le passé et sur l’avenir, et elle en parle ! Et parce qu’elle en parle, parce qu’elle le partage, parce qu’elle l’évoque, elle a tout compris !


Oui, le seul moyen de sortir de toutes ces souffrances, c’est d’en parler !

Parce que rester dans sa bulle, s’enfermer dans sa douleur, ne pas oser partager, ne pas oser annoncer, ne pas oser se mettre à la place de… c’est clairement ajouter un nœud à la douleur.

Donc osons mettre des mots et osons annoncer nos bonnes nouvelles à ceux qui attendent de vivre la même chose. Oui, c’est délicat d’annoncer son mariage à ses amies célibataires. Oui, c’est délicat d’annoncer une grossesse à ses amies qui n’arrivent pas à avoir d’enfants. Oui, c’est délicat d’annoncer les bonnes nouvelles. Mais si nous prenons le temps d’annoncer, de dire que nous savons que ce n’est pas forcément facile à recevoir, si nous prenons le temps de mettre de l’empathie dans cette annonce, alors nous avons tout compris !


Ok, c’est dur à faire. Ok, ça demande beaucoup de courage. Mais c’est pourtant essentiel, pour les deux personnes !


Car on ne peut pas mettre les gens "à part" parce qu’ils souffrent. On ne peut pas être tellement gênée par l’annonce d’une nouvelle, qu’on n'ose pas appeler les gens qui comptent pour nous. En agissant comme cela, on arrêterait la relation, on stopperait le lien, juste par gêne ou tabou, par inconfort ou peur. Mais ce n’est pas juste !


Oui, nous avons toutes nos galères, oui nous avons toutes nos désirs, oui nous avons toutes nos souffrances, oui nous avons toutes nos gênes, mais ça ne doit en aucun cas empêcher le dialogue, les liens, la relation ! S’enfermer sur soi ne doit pas être une option. Nous devons impérativement partager nos blessures et nos difficultés pour montrer au monde que la vie n’est pas fluide, n’est pas facile, n’est pas limpide.


Alors prenons le temps de mettre les formes, d’être dans l’empathie et d’écouter nos amies en souffrances, pour qu’à leur tour, elles puissent écouter et comprendre la douleur qui nous envahit nous aussi.


Marie-Liesse


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