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Je ne suis finalement pas rentrée dans mes cases…



J’ai passé un sacré paquet de temps à imaginer ma vie. Des minutes, des heures, des semaines, des années. J’y projetai un schéma plutôt classique, d’une vie bien rangée, dans un univers plutôt charmant, avec du soleil quasiment chaque journée. J’y mettais des rêves, des attentes, des espérances, qui répondaient à un schéma de vie que certaines personnes qui m’entourent, vivent. Bref, j’imaginais cette vie bien rangée dans des cases. Le temps passant, les années ont défilé… et finalement ma vie ne ressemble absolument pas à ce que j’avais projeté.


Et oui, si on m’avait dit qu’à 35 ans (oui, c'est mon âge), j’aurai cette vie, ce boulot, cet appart, que j’habiterai dans cette ville et que ma situation affective ressemblerait à la mienne, je n’y aurais pas cru. Ou bien, en projection de tout ça, j’aurais pu trouver ça triste.


Pourtant, je ne suis pas triste. Je suis émerveillée par la femme que je deviens chaque jour, cette femme qui s’ancre, fait ses choix, dépasse ses peurs, pose ses limites, exprime ses besoins, gagne en liberté et en autonomie et s’attache à des personnes qu’elle n’aurait jamais imaginé rencontrer. Je suis impressionnée par les efforts que j’ai déployés, la niack et l’énergie que j’ai mises en action et qui ont été de vrais moteurs. Je suis fière de tout ce que j’entreprends, de mes deux pieds bien posés dans mes baskets, de mes précieuses amitiés que j’ai pris le temps de construire pour être si bien entourée, de ma famille qui m’accepte pour ce que je suis : mes choix, ma vie, mes fragilités aussi.


Lorsque je relis ma vie, je me dis que pour rien au monde, je ne voudrai faire autrement, car clairement, sans tout ce chemin, je ne serai pas la femme que je suis aujourd’hui. Et pour cette femme-là, j’ai un profond respect et un profond amour.


Pourtant, je ne vis pas la vie que j’ai rêvé de vivre. Oh non. Loin de là même !


Alors comment vivre avec ce paradoxe ? Celui de constater que je ne voudrais rien changer, mais qu’en même temps, je ne rêvais pas de vivre cette vie-là ?


Je crois que l’expérience de la vie, l’apprentissage de l’amour des autres et de l’amour de moi-même m’ont offert l’immense cadeau de m’ouvrir à la différence et de quitter le jugement qui était prépondérant chez moi.


Parce que je me jugeais moi et que je jugeais les autres, j’étais incapable d’aimer ma vie, de vivre ma vie, de vibrer dans la vie, de choisir la vie. J’étais donc incapable d’accepter de sortir des cases que j’avais prédéterminées depuis presque toujours. Et donc, tant que je ne « rencontrais pas » les cases que j’avais rêvées, je fermais la porte.


Je prends l’exemple du couple.


Combien de fois j’ai fermé de portes parce que l’homme en face ne rentrait pas dans mes cases de religion, d’opinion, de sensibilité, de culture… et j’en passe ? Combien de fois mon jugement a pris le dessus sur mon intuition, sur mon cœur, par peur de ne pas entrer dans les cases que j’avais prédéterminées ? Combien de relation ont échoué parce que je portais un énorme jugement sur l’homme en face de moi ? Combien d’histoire se sont arrêtées ou n’ont même pas commencé, parce que j’avais peur – de dire, de l’autre, de la relation… ? Mais ce n'est pas juste de laisser notre imaginaire dicter notre vie, sans accepter l’autre dans toute la différence qu’il a, qu’il est, qu’il apporte.


Les thérapeutes de couple disent, de manière très juste, que l’on tombe amoureux de quelqu’un qui va venir se frotter à nos différences et à nos peurs. Si on tombe amoureux de ces personnes, c'est surement parce qu’ils ont quelques choses à nous apprendre, pour devenir meilleur (enfin si la relation est équilibrée bien sûr), pour nous confronter à nos blessures, pour nous remettre en question, pour nous ouvrir à la différence. Aussi, si nous ne sommes pas prêts à nous ouvrir à la différence des cases de l’autre… alors je crois que nous n'arriverons JAMAIS à vivre une belle histoire.


C’est drôle parce que cette semaine, j'ai lu que « plus, on gagnait en estime et en confiance en soi, moins on jugeait ce qu’était l’autre ». Et clairement, c'est ce que je perçois dans ma vie aujourd’hui. Parce que j’ai appris à m’aimer, je suis davantage capable d’aimer les autres avec toutes leurs fragilités, sans écouter mes cases, sans être dans le jugement, mais bien dans l’accueil de ce qu’est l’autre.


Aujourd’hui, je comprends que c’était ça mon chemin : celui de me dépouiller, de gagner en simplicité, de sortir du jugement, pour pouvoir être fière de la vie que je vis. Et même si cette vie ne ressemble toujours pas à ce que j’avais imaginé ou rêvé, je crois que dans ce paradoxe, il y a énormément de liberté, de beauté et de joie.


Un jour, je me rappelle une femme qui a choisi d’épouser un veuf, père de 5 enfants. C’était l’incompréhension pour tout le monde. Mais je me rappelle cette phrase qu’elle a prononcée : « je savais que je n’étais pas faite pour vivre une vie classique ». Je pensais que cette phrase lui appartenait, mais je crois en fait que cette phrase nous appartiens à tous. Il n’y a pas de vie classique. Ça n’existe pas. Car même lorsqu’on entre dans les cases que nous avions rêvées, ça ne se passe jamais comme on l’avait imaginé. Et c’est toute la beauté de la vie.


Par exemple, j’ai passé mon enfance à entendre que j’avais un très mauvais style d’écriture. À chaque rapport de stage, à chaque dossier relu, j’entendais que ce n’étais vraiment pas pour moi l’écriture.

Si j’avais écouté cette case dans laquelle on m’avait enfermé, pensez-vous que j’aurai commencé à écrire ce blog ? Pourtant, j’ai plusieurs fois voulu prendre ma plume dans le passé, mais je n’osais pas déroger à la règle selon laquelle j’écrivais mal. Un jour, j'ai choisi de dépasser cette croyance, de poser mes vibrations par écrit et de voir ce que ça ferait. Aujourd’hui mon écriture, si mauvaise, nourri et aide de nombreuses personnes.


Alors sortons de nos cases, de nos idées reçues, de nos idéaux tout prêts, de nos schémas classiques et parfois si enfermant et osons accueillir la vie, les autres et les différences tout simplement !


Ma vie ne ressemble pas à ce que j’avais imaginé, mais elle est magnifique et c’est ça qui est important. Mes choix présents et futurs sont des choix auxquels je ne pensais jamais être confrontée et pourtant ils sont bien ma réalité. Mais ces choix me font bouger, me permettent de m’assumer, de ne plus fermer de portes, car le schéma n’est pas celui que j’avais rêvé. Eh bien je peux vous dire que dans ce paradoxe, malgré les peurs, les doutes et les interrogations, il y a énormément de joie et de paix, alors est-ce que ça ne vaut pas le coup de les dépasser ces cases ?!


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Marie-Liesse

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