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"J’ai dépassé la tempête intérieure que me provoquait le regard des autres pour le choisir lui !"



Ce portrait est une pépite ! Une pépite, car il montre le chemin de dépassement, d'audace, de remise en question, d'accompagnement... et j'en passe, qu'a vécu Stéphanie. Elle nous montre que la vie n'est pas lisse, bien rangée, facile. Elle nous partage ses tempêtes intérieures, la manière dont elle a appris à naviguer par gros temps, et comment elle réussit à dépasser sa peur du jugement des autres. Bref, c'est une leçon de vie qui donne très envie de se mettre en mouvement... et qui montre qu'on peut toujours dépasser ses peurs pour choisir le bonheur. Je lui laisse la parole !



Je m’appelle Stéphanie, je m’approche de la trentaine et je suis en couple avec Bastien. Je suis psychologue clinicienne, je le précise, car ça compte pour la suite de l’histoire.


J’ai grandi dans une famille aimante, où les démonstrations affectives de ma mère m’ont cruellement manqué. J’ai eu très tôt un idéal amoureux élevé. Baignée dans les Disney et inspirée par l’histoire de mes parents qui a commencé très tôt.


J’attendais avec impatience de pouvoir « faire comme eux » et le plus tôt possible. J’ai rencontré mon premier amoureux à 16 ans. J’ai tout donné dans cette relation, et c’était on ne peut plus déséquilibré. J’ai été trompée, harcelée, ça a balayé mon estime de soi, ma confiance envers l’amour. Ça m’a dévasté.


Ensuite, j’ai eu plusieurs relations malsaines, où je me donnais plus ou moins. J’étais l’ombre de moi-même, je prenais le peu d’affection qu’on voulait bien me donner et j’espérais que l’autre finisse par vraiment m’aimer pour ce que j’étais. Par exemple lors d’une relation je me rappelle que je faisais tout : courses, ménage, faveurs sexuelles… j’acceptais même qu’il voit d’autres filles, et j’espérais désespérément qu’il se dise « elle est super, elle est faite pour moi », mais ça n’arrivait pas. Tout cela a duré jusqu’à mes 20 ans.


C’est le moment où je suis entrée en étude de psychologie et où j’ai commencé à trouver des réponses sur mes décisions amoureuses et amicales. J’ai découvert la théorie de l’attachement et là… ça m’a énormément aidé ! J’ai compris que je reproduisais un schéma d’attachement transmis majoritairement par ma mère (pardon maman) et que je m’épuisais à espérer retrouver de l’amour que je n’avais pas assez reçu d’elle, notamment physiquement.


J’ai commencé alors une période de célibat, ponctuée de petites dragouilles par-ci par-là sans jamais concrétiser quoi que ce soit. Je prenais le temps de me comprendre : mes schémas de pensée, d’émotions et de comportements. J’apprenais à devenir libre par rapport à ces schémas, à tracer mes propres voies, à devenir davantage moi-même, à prendre soin de moi réellement notamment au travers d’amitiés et d’activités où j’étais moi-même et où l’on me respectait.


Un exemple du travail que j’ai pu faire : je vivais une mélancolie profonde et j’ai appris à choisir d'aller bien, en faisant des activités qui me faisaient du bien, en notant le positif de la situation, en sortant de ma zone de confort. Ça a été un travail exigeant, et même si parfois je n’en avais pas envie, à force de répétition ça a porté du fruit ! Bon d’accord, ça n’enlevait pas, parfois, la difficulté ressentie à être seule, mais globalement j’avais accepté l’idée d’être bien seule et que je pouvais être heureuse de cette manière. J’étais en paix avec l’idée que la rencontre pouvait ou ne pouvait pas arriver.


Et puis je suis partie à Londres.

J’y ai rencontré mon « homme parfait », le prince charmant vendu et rêvé depuis toutes ces années. Le physique parfait, le métier parfait, les manières parfaites et en plus je lui plaisais. Toutes les filles étaient sous son charme physique, il dégageait un mystère à conquérir. J’ai fait le premier pas et il y a répondu. Mon ego a fait un bond gigantesque. Et puis au fur et à mesure que j’apprenais à le connaître, je comprenais que la « façade » ne suffisait pas et que notre histoire ne mènerait nulle part. En effet, dans nos rendez-vous, il fallait que je fasse tout : la conversation, les propositions de sorties, les discussions sérieuses pour voir où on allait tous les deux etc... Lui il restait silencieux. Il se laissait porter et il était souvent ailleurs. C’est là que j’ai eu le déclic : les apparences ne suffisent pas pour construire une relation durable, même s'il était beau, qu’il cochait toutes les cases, ça n'allait pas suffire pour construire un projet ensemble.


Je suis rentrée en France, et le covid a débarqué réduisant selon moi toutes mes chances de finalement rencontrer quelqu’un cette année-là.


Avec le recul, ça m’a permis de lâcher prise sur cette idée de rencontre. Je n’avais plu en tête ce sujet qui pouvait parfois prendre beaucoup trop de place dans mon esprit. A la fin du confinement, j’ai fui le cocon familial où j’étouffais et j’ai débarqué à Paris chez une amie pour faire un job d’été. Un ami de Londres organisait un pique-nique et là, j’ai vu débarquer Bastien. Je me souviens parfaitement de ce moment où je l’ai vu arriver à côté de son meilleur ami Patrick. J’ai tout de suite flashé sur lui malgré moi, dans le sens où j’ai aimé ce qu’il dégageait et pourtant en le voyant arriver, j’ai remarqué qu’il était petit, beau, mais petit, et plus que moi.


Malgré cela, on a tout de suite échangé facilement, simplement. De toute façon, j’avais en tête que j’allais terminer célibataire, alors je n’avais rien à perdre de lui parler. Je me suis sentie écoutée, à ma place, je pouvais m’exprimer librement. Bref, au moment où il est parti, j’ai ressenti de la tristesse.


Heureusement, il m’a retrouvé dans les invités sur l’événement Facebook et il m’a envoyé un message rapidement après. Nous avons tout de suite échangé par messages tous les jours, c’était facile et avec beaucoup de taquineries. Et très vite nous avons senti et compris que nous nous plaisions bien.


Mais j’ai eu une grosse appréhension : il avait un métier qui ne gagnait pas beaucoup (or, ma mère m’a toujours dit « On ne sort pas avec un chômeur ») et je trouvais que son domaine pouvait créer une précarité. De plus, il était plus petit que moi et j’avais peur de ce que les gens diraient et d’être encore une fois celle qui sort de la norme. Il faisait beaucoup de fautes d’orthographe sans que je ne comprenne pourquoi et je le jugeais beaucoup pour cela.


Bref, j’étais remplie d’appréhension et ma tête me disait de fuir, que je méritais bien mieux, que j’allais être ridicule : « Voilà, c’est encore sur moi que ça tombe, il a tout, mais il est plus petit, pourquoi moi je ne peux pas avoir un mec plus grand et gnia gnia gnia… ». Mais malgré tous ces doutes, ces vagues de résistances, mon instinct me poussait à continuer.


Nous avons fait tous nos rendez-vous galants sur les quais de Seine à parler pendant des heures de projets vite sérieux, de nos visions du couple et très vite, je suis tombée amoureuse. Ma tête continuait quand même de me dire que ça allait être trop compliqué, donc j’imaginais tous les scénarios possibles pour rompre, pour partir, pour fuir, et à chaque fois j’en pleurais. Ces pensées m’obsédaient, prenaient une place prépondérante.


Malgré cela, j’écoutais aussi ce que je ressentais. Bastien me renvoyait un sentiment de sécurité, de douceur, d’humilité, de confiance en lui, de force, je me sentais moi-même et vu pour ce que j’étais vraiment, comme dans ces amitiés qui m’avaient aidé à comprendre ce à quoi devait ressembler une relation humaine saine. Aussi, malgré mes peurs sur ces éléments extérieurs, j’étais doucement, mais sûrement attirée vers lui. C’était à notre rythme, comme pour toute la relation : notre rencontre, notre premier baiser… La douceur était et reste aujourd’hui son mot d’ordre.


En toile de fond, la tempête intérieure s’est calmée au fur et à mesure de la relation : la peur de ne pas correspondre à la norme, la crainte qu’on se moque de moi, la peur de manquer financièrement. Tout cela me renvoyait à cette fameuse problématique d’attachement. Mais j'ai choisi de refaire ce travail (parce que c'est un vrai job) de me dire : « bon, stop les jérémiades, il est super, il t'aime, il prend soin de toi, il a tout ce que tu recherches et il serait peut-être temps que tu te mettes à bosser sur cette peur viscérale du regard des autres plutôt que de laisser la dite peur te voler ton histoire d'amour ».


À ce moment-là, j’ai pris mes responsabilités pour assumer le bonheur de notre couple et le mien. J’ai choisi de sortir de la position victimaire qu’inconsciemment, j’avais toujours adopté et j’ai consulté en ICV (Intégration du cycle de la vie) une psychologue formée sur cette pratique qui guérit l’attachement. C’est un travail de longue haleine, que je continue, mais j’ai compris que j’en valais la peine et surtout que Bastien en valait la peine.


En parallèle ce qui m’aidait, c’était toute la joie, la reconnaissance, la paix et le bien-être d’être avec Bastien. Une forme de certitude intérieure, un bateau dans lequel, malgré les vagues, et parfois l’envie de sauter par-dessus bord, je voulais rester plus que tout le reste.


Le contexte nous a aussi beaucoup aidé. La distance au début de notre relation, pour ne pas s’étouffer l’un l’autre, discerner, apprendre à se manquer, ont été importants. Continuer aussi de se réaliser chacun dans nos métiers. Et puis on a fait les présentations : nos amis ont très bien matché, nos familles nous ont senti sereins (même si ma mère a eu un fou rire quand je lui ai dit qu’il était plus petit que moi) et les rencontres des uns et des autres nous ont fortifié dans la paix que nous connaissions déjà tous les deux. Les choses se sont déroulées dans le calme et la facilité et ça aidait grandement à calmer mes tempêtes intérieures.


Heureusement pour moi, Bastien a toujours été très à l’écoute. Avec lui, j’ai appris la communication de mes émotions aussi violentes soient-elles. J’ai appris à accepter d’être vulnérable, imparfaite, d’être violente, tourmentée, de douter. D’être aimée pour tout ce que j’étais et suis. Malgré toutes ces vagues, il reste dans le bateau avec moi et m’apprend à naviguer tranquillement.


Lui aussi a eu besoin de temps pour discerner si j’étais celle avec qui il voulait passer sa vie et j’ai dû apprendre aussi l’idée que nos temporalités différaient et qu’il faut parfois attendre l’autre dans un chemin qu’il doit faire seul pour mieux participer à la relation.


J’ai accepté sa demande en mariage il y a un an et je me sens globalement sereine et heureuse. Il y aura toujours des combats et c’est normal, nous avons tous nos fragilités, et même des tempêtes qui reviennent. Notamment vis-à-vis de sa taille et son métier car je vais à l’encontre de cet idéal que je m’étais fixé : grand, beau (il l’est donc ça va haha), qui gagne bien sa vie. Pour les fautes d’orthographe, j’ai compris en l’interrogeant, qu’il souffrait de dyslexie qui n’avait jamais été correctement soignée. Avec tout ça, j’ai accepté de comprendre qu’une mer n’est jamais vraiment calme et qu’il faut apprendre à naviguer ensemble sur ces flots qui forment la vie. Le reste de ma liste, il l’a et ce sont les choses les plus importantes : les valeurs communes, le sens moral et la capacité de réfléchir correctement. Avec le recul, je pense que le combat le plus lourd était aussi celui d’accepter d’être aimée, d’être vulnérable, de ne pas être toujours parfaite selon ce qu’on m’avait appris.


Nous nous marions dans 2 petits mois. Le quotidien à deux n’est pas encore régulier, mais quand nous le vivons ensemble il est ponctué de petits combats et de grands moments de joie. Mes vagues me rattrapent parfois mais je connais leur origine et je parviens de mieux en mieux à les apaiser et à en parler avec Bastien.


Mon métier et la culture de Bastien sur le sujet de la psychologie nous aident beaucoup aussi pour apprendre à communiquer et comprendre ce qui se joue en arrière-plan quand une tempête arrive.


Être en couple, c’est un vrai sport, c’est exigeant et très édifiant aussi. Je pense que pour beaucoup, cela est perçu comme la solution à son bonheur personnel, mais c’est faux. C’est la continuité d’un travail fait en amont par chacun des membres du couple sur lui-même. C’est un chemin qui continue ensemble, mais où chacun garde sa part de responsabilité pour que le couple fonctionne.


Mon parcours de vie seule ou avec Bastien, m’a appris à oser être moi, oser être vulnérable, oser demander de l’aide extérieure, oser grandir et accepter que ce ne soit pas parfaitement équitable tout le temps entre nous. En taille, je le dépasse, mais en bien des choses, il est plus grand que moi.



Si j'ai un conseil à donner à une femme qui a envie de se lancer, mais qui n’ose pas ?

Je lui dirai de comprendre ses peurs, d’apprendre à oser faire une introspection, pour comprendre si certaines choses en elle ont été blessées, ont besoin d’être guéries. Le cas échéant, d’oser demander de l’aide pour guérir et mieux se connaître pour devenir une personne plus sécurisante pour elle-même.

Pour se lancer dans les flots des rencontres amoureuses, il est nécessaire de prendre ses responsabilités, oser se mouiller, oser être rejetée, blessée à nouveau, souffrir. Alors pour vivre tout ça il faut que son bateau soit solide, qu’il sache dans quel port il peut aller se ressourcer, comment naviguer et repartir en mer. Se connaître sans chercher à être parfaite ou prête, mais aller oser se connaître pour oser partir naviguer.


Si j'ai un conseil à donner à une femme qui vit une sorte de rejet dès qu’un homme qu’elle aime bien s’intéresse à elle ?

Je lui dirai qu’il y a probablement une problématique d’attachement derrière et qu’il ne faut pas hésiter à se faire accompagner notamment par l’ICV (Intégration au Cycle de Vie) : c’est souvent 90% des problématiques qu’on rencontre en entretiens cliniques, car ce sont des paramètres qui se créent sur les premières années de notre vie ou qui sont détruits par des gros traumatismes qui suivent les années de vie après. C’était en tout cas mon cas.

Il y a plusieurs types d’attachement et on est tous proches d’un plus que les autres. Cela fait aussi partie de la construction personnelle de savoir comprendre ce fonctionnement qui en découle car il oriente nos choix de vie, nos vision de la réalité, notre régulation émotionnelle, notre capacité à oser explorer le monde, à choisir des amis et des amoureux qui soient bons pour nous.

Aujourd’hui dans notre couple, quelles sont les difficultés qui persistent ? Comment se vit le quotidien ?

La gestion de mes tempêtes intérieures, reste un travail régulier car c’est un apprentissage qui prend du temps surtout qu’avant je cherchais à fuir ces tempêtes qui sont devenues ouragan avec le temps. J’apprends à mieux identifier quand ça commence à gronder et à vraiment chercher des ressources pour calmer le jeu et à bien gérer quand ça explose.


Entre nous ce qui peut être complexe, c’est de savoir comprendre la manière dont l’autre nous communique ses besoins, ou sa manière de nous aimer et accepter que ce n’est pas toujours celle qu’on aimerait. Avec nos boulots, l’organisation de nos vies, on est vite peu enclin à faire attention à l’autre et ça demande beaucoup de communication et de pardon, mais encore une fois, nous ne sommes pas là pour être parfait, c’est vraiment libérateur et édifiant de grandir ensemble dans un tel contexte.


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Marie-Liesse

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